Militantisme étudiant 

Saison difficile, vents contraires

Alors que le ton monte à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) débattra en assemblée, au cours de la fin de semaine, d’« un repli stratégique » jusqu’à l’automne. Les jeunes se sont-ils trompés de saison ?

Dans un document qui servira de base de discussion à l’assemblée de l’ASSÉ, en fin de semaine, le « repli stratégique » est envisagé. « Nous sommes d’avis que pour une majorité d’associations étudiantes, il est fort improbable que la grève survive à l’été et se poursuive à l’automne », peut-on lire.

Le mouvement étudiant, qui n’a pas eu l’appui espéré des syndicats, évalue que les grandes centrales pourraient faire la grève à l’automne. « Si nous poursuivons dans le sens d’une grève générale illimitée dès maintenant, nous prenons le risque de ne pas pouvoir les rejoindre à l’automne », est-il écrit dans le document.

Si la grève générale illimitée avait lieu ce printemps, « notre grève aura été étudiante. Cela n’est pas mauvais en soi, bien évidemment. Par contre, si notre objectif aura été de faire grève en solidarité avec les travailleurs et travailleuses en négociations, nous aurons manqué le bateau ».

En entrevue, Camille Godbout, porte-parole de l’ASSÉ, assure que cela n’est en rien un appel à la démobilisation, ni un constat d’échec, ni même une position officielle de l’ASSÉ.

« La grève continue et il revient à chaque association étudiante de décider de la suite des choses au cours des prochains jours. »

— Camille Godbout, porte-parole de l’ASSÉ

MOUVEMENT PRÉMATURÉ ?

Marc-André Cyr, chargé de cours en science politique à l’UQAM, estime que « le bal a peut-être été lancé prématurément ».

« L’idée était de lutter contre l’austérité, et comme c’était une revendication très large, il aurait fallu un mouvement social d’une grande ampleur pour que ça marche », dit-il, en relevant que les appuis syndicaux ne sont pas venus.

Il reste que les manifestations nocturnes attirent un nombre important de personnes. « Dans la rue, oui, ça lève. »

Ça lève, mais les vents contraires sont importants. « Plusieurs personnes en autorité ne veulent surtout pas une reprise de 2012. La répression policière et institutionnelle a frappé particulièrement rapidement. »

Quoi qu’il advienne maintenant, Claude Vaillancourt, président d’ATTAC-Québec (Association québécoise pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne), juge que ce printemps étudiant n’aura pas été un coup d’épée dans l’eau. « Un nombre impressionnant d’étudiants se sont manifestés, plusieurs actions visibles ont été faites et un message clair a été envoyé au gouvernement », dit-il.

« En 2012, on a reproché aux étudiants d’être trop corporatistes, de n’en avoir que pour leurs intérêts. Cette fois, on leur reproche leurs revendications trop floues. Moi, je trouve très louable qu’ils embrassent des causes plus larges, comme la lutte contre les hydrocarbures. »

— Claude Vaillancourt, président d’ATTAC-Québec

DURCISSEMENT À L’UQAM

Pendant ce temps, à l’UQAM, le ton monte de part et d’autre. La direction s’est adressée hier à la Cour supérieure pour demander une injonction contre cinq associations étudiantes et des militants. (voir autre texte)

En assemblée générale, les professeurs ont quant à eux voté pour deux jours de grève, dont un dès demain, alors que le plus grand nombre d’étudiants seront en grève simultanément et manifesteront un peu partout au Québec.

Les professeurs de l’UQAM sont en négociations pour le renouvellement de leur convention collective. 

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